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Posts Tagged ‘le prince heureux’

Chers Amis et cher Rupert EVERETT,

J’attendais ce film avec une impatience non feinte. Même si ma passion pour Wilde a, depuis quelques années, laissé la place à un immense respect pour cet auteur hors du commun (et tellement utile pour comprendre la société dans laquelle nous vivons et devons vivre)…

Je suis donc allée voir le film de Rupert EVERETT qui a choisi de retracer la « décadence » du génie irlandais après sa sortie de prison en 1897. (Vous vous en souvenez chers amis, il a été condamné pour « outrage aux bonnes mœurs » en 1895 et condamné à deux années de travaux forcés).

La prestation d’EVERETT est extraordinaire parce qu’il ne laisse rien passer : ni la déchéance morale, ni les habitudes sexuelles désespérées de Wilde après sa rupture définitive avec Le jeune Lord Alfred DOUGLAS, ni la misère matérielle qui le contraint à mendier sans cesse, sans oublier la douleur physique et psychique du poète qui ne peut revoir ses fils adorés, apprend la mort de son épouse Constance et meurt d’une grave méningite dans un hôtel minable à Paris.

Rupert EVERETT

Tout ce qui est retracé est absolument vrai. Les lettres de Wilde, les témoignages et les nombreuses biographies en attestent. L’Angleterre a mis à mort l’un de ses plus grands dramaturges et en 2017, il a enfin été réhabilité par la Couronne d’Angleterre.

Mais, cher Rupert EVERETT, si moi, Lou FERREIRA, je comprends et suis particulièrement touchée par ce que vous avez (au final) dénoncé dans votre film, c’est parce que j’ai rédigé une thèse de philosophie sur lui et que deux de mes pièces de théâtre mettent en lumière les injustices que vous filmez avec grandeur. Mais de trop nombreux spectateurs ignorent encore ce qu’il a donné au monde de merveilleux et de profond pour comprendre les enjeux de votre regard.

Vous avez choisi l’angle du réalisme qu’exécrait Oscar Wilde. L’esthétisme de « L’Art pour l’Art » qu’il avait porté avec grandeur et beauté, vous le bannissez de votre film qui ne laisse que peu de place à l’imagination. Oh certes, il y a le texte du merveilleux conte de Wilde « The Happy Prince » qui est un juste parallèle entre ce cher Oscar et le Prince.

Plate 1 « The happy prince, 1888 »

Mais je le dis et redis : A t-on envie de connaitre Oscar Wilde lorsque l’on voit cet être déformé par la douleur, la solitude et la misère ? Je l’ignore et n’en suis pas certaine.

Je vais vous dire une chose cher Rupert : En sortant du cinéma, il y avait un anglais qui donnait quelques informations à deux personnes charmantes qui ne connaissaient pas Wilde. Il leur disait très précisément ceci :  » Oh finalement, ce n’était qu’un dandy… Il a écrit une pièce amusante mais pas grand chose d’autre »

Vous pensez bien que je suis intervenue avec délicatesse et précision. Ils étaient très surpris.
J’ai enfin pu entendre « ah… Il faut que je le lise alors… »

Oui. Lisez et relisez Wilde avec attention, il vous emmènera vers les étoiles et pas dans le caniveau.


LOU FERREIRA

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